Epic Falstaff ’13

Librettiste et metteur en scène Florent Siaud

Musique Fabien Waksman • Distribution 70 enfants des académies de Créteil, Versailles et Paris • Direction musicale Antoine Bretonnière • Chorégraphie Jean-Marc Piquemal • Scénographie Christophe Ouvrard • Costumes Caroline Révillion

Après les avoir sollicité pour L’Oiseau de glace, opéra jeune public créé en juin 2012 dans l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille, l’Opéra national de Paris passe une seconde commande à Fabien Waksman et Florent Siaud : Epic Falstaff, une trilogie d’opéras autour de Falstaff pour la saison 2012 – 2013, dont la particularité est que ses trois volets peuvent être interprétés à la suite ou séparément, chacun disposant d’une autonomie musicale et narrative. Mobilisant soixante-dix enfants des académies de Créteil, Versailles et Paris, cette fresque est mise en scène par Florent Siaud dans des décors de Christophe Ouvrard, en collaboration avec le chorégraphe Jean-Marc Piquemal, le chef de choeur Antoine Bretonnière, le pianiste Matthias Muracciole et une demi-douzaine d’autres instrumentistes. Retraçant les aventures de ce personnage shakespearien plein de truculence, Blown-Jack, The moon rises et Wheel of Fortune explorent le registre de la farce, du combat épique et du drame historique. Entre le rire des scènes de comédie et le grand déploiement du couronnement d’Henry V à Londres, la trilogie traite de l’instabilité du monde et des destinées, met en scène une myriade des corps tantôt éclopés, tantôt aristocratiques, dans un tourbillon d’atmosphères qui oscillent entre rythmes nonchalants de cabaret, invocations surnaturelles, affrontement épiques, marches solennelles, danses de bohémiennes et chants pathétiques.

Synopsis du tryptique

Volet numéro 1, Blown-Jack (pour une vingtaine d’enfants ou plus + violon, contrebasse, clarinette, piano et batterie) est une farce qui nous plonge dans l’univers interlope d’une taverne de Londres grouillant de personnages hauts en couleur, dont les impayables soeurs Quickly. Sur des rythmes jazzy, la bande de Falstaff y fait l’expérience de l’arroseur arrosé.

Volet numéro 2, The Moon rises (pour une vingtaine d’enfants ou plus + violon, violoncelle, cor, piano et percussions) fait surigir un climat fantastique et épique, dans lequel s’affronte les forces du soleil (les armées du vieux roi Henry IV) et les forces de la lune (les armées des rebelles conduits par les fiers Percy). La couardise et la gouaille de l’armée d’estropiés de Falstaff apporte une touche comique à cette épopée nocturne.

Volet numéro 3, The Wheel of Fortune (pour une quarantaine d’enfants + violon, violoncelle, flûte, piano et percussions) s’ouvre sur un procès spectaculaire, où les amis de Falstaff doivent répondre de leurs infractions devant un rang de juges emperruqués et de plaignantes furieuses. La séance est interrompue par le couronnement du jeune Henry qui devient roi sous le nom d’Henry V. Ami de longue date de Falstaff, celui-ci ordonne finalement l’exil de son ennemi trop embarrassant. Quelques années plus tard, le monarque ne s’est pas remis du sort cruel qu’il a réservé à son ami d’antan. Armée de cartes de tarot, une cohorte de bohémiennes vient lui conter la fin tragique de son comparse.

Amphithéâtre de l’Opéra Bastille, 15 juin 2013.

Presse

• BFM TV a consacré un reportage à cet événement.

• Le spectacle a fait l’objet d’une interview diffusée sur Franceinfo.fr et d’un article publié sur le site d’Anaclase.

• En Scène, le magazine de l’Opéra national de Paris vient de publier une interview de Florent Siaud et Fabien Waksman :

Du 15 au 26 juin, l’Opéra met à l’honneur les élèves de Dix Mois d’École et d’Opéra* : le festival 1,2,3, Opéra ! permet aux classes du programme de présenter leurs projets et leurs réalisations à l’Amphithéâtre et au Studio Bastille. Accompagnés par des équipes pédagogiques et artistiques, les élèves rendent visibles sur scène leurs évolutions personnelles…

Le personnage de Falstaff dans l’opéra de Giuseppe Verdi, programmé à l’Opéra de Paris pour le bicentenaire du compositeur, a donné naissance à trois opéras originaux. cette création trilogique est interprétée par les élèves de trois établissements des académies de Paris, Versailles, Créteil. Entretien avec le compositeur Fabien Waksman et le librettiste Florent Siaud.( photo : © Agathe Poupeney)

Existe-t-il une unité musicale et narrative entre ces trois opéras ?

Fabien Waksman : Epic Falstaff est une trilogie dont chaque volet a un caractère propre. D’essence comique, le premier est une farce ; le second est une aventure épique et fantastique ; le troisième est traversé d’épisodes monumentaux et tragiques. Sur le plan musical, l’unité vient du fait que des motifs ou des thèmes se retrouvent dans les trois opéras, mais transformés et adaptés à chaque situation.

Florent Siaud : Sur le plan narratif, nous retraçons une épopée tragi-comique en trois temps, qui parle de l’instabilité du monde et de la vie, oscillant entre sublime et grotesque, élévation et chutes. Ce travail sur le déséquilibre est au coeur de la mise en scène, que j’assume avec la complicité du chorégraphe Jean-Marc Piquemal, et du décor imaginé avec Christophe Ouvrard, où sont privilégiées les diagonales et les pentes.

Le livret et la partition sont-ils nés d’un partage d’idées ? Vous êtes -vous influencés ?

Fabien Waksman : Nos idées surgissent de nos échanges permanents. Certains passages musicaux naissent avant les paroles, ce qui influence le livret, puisque Florent a la capacité de composer ses vers à partir de ma musique, quand, d’habitude, les choses se font en sens inverse. Il m’arrive de participer à l’évolution du livret en lui demandant de modifier un aspect qui me semble moins convaincant. De même, Florent n’hésite pas à m’orienter vers d’autres directions lorsque le son ne correspond pas à ce qu’il a voulu dire avec ses mots.

Quels sont les enjeux lorsqu’on écrit pour de si jeunes interprètes ? Est-ce un travail plus facile que d’ordinaire ou plus contraignant ?

Florent Siaud : J’ai la même préoccupation de la documentation, de la construction et de la cohérence dramaturgiques. La contrainte majeure de l’exercice consiste à dégager quelques rôles solistes, tout en intégrant activement les autres interprètes à l’histoire. J’ai valorisé chacun en créant des groupes de personnages contrastés et individualisés.

Fabien Waksman : Les enjeux sont différents mais j’ai la conviction qu’il faut viser la création d’une oeuvre d’art – et non d’une oeuvre « pédagogique » – pour que le potentiel souvent méconnu de ces élèves se révèle. C’est pour moi une forme de respect envers eux ; leur demander peu, ce serait les mépriser.

Comment faire appréhender en un temps restreint la musique et les codes du théâtre à ces jeunes débutants ?

Fabien Waksman : Ils ont d’excellentes mémoires et procèdent par mimétisme. Ils ont simplement à saisir le sens de la musique, son expression, son caractère. Ainsi, je me dois d’être vigilant sur un paramètre : la mélodie. Pour l’harmonie, le rythme ou l’orchestration, je suis libre…

Florent Siaud : … Et l’univers de Falstaff regorge d’éléments concrets comme le ventre énorme du rôle-titre, le dos voûté des soeurs Quickly, la rigidité des juges. Partir du corps permet d’allumer l’imaginaire des enfants ! Prendre conscience de son corps, de ses mouvements et de sa voix : tel est l’enjeu sur lequel nous travaillons.

Propos recueillis par Marion Mirande. Retrouvez cet entretien dans En scène ! Le journal de l’Opéra national de Paris